
En dix ans le Gaec Mont-Chauffé a remporté quatre prix de meilleure mamelle au concours départemental de Haute-Savoie dont un doublé en 2013 avec Déesse (Pétard x Lion) en adulte et Elégante (Robuste x Lempereur) en jeune. Des succès sur les concours qui illustrent un travail génétique de longue haleine, concrétisé en 2020, par la première place obtenue au niveau racial pour l’index mamelle.
« Le contrôle laitier et les inséminations systématiques ont débuté en 1960 et nous avons toujours regardé les mamelles » souligne Jean-Marc Girard, l’un des cinq associés. Et la liste des taureaux qui ont marqué le troupeau est longue. Elle débute dès les années 70 avec Bizarre et Espion, passe par Polux dans les années 80, Tintouin et Utriple dans les Années 90. Robuste, Normand, Tango, Beethoven terminent cette liste. Cette année, les filles d’Empire apportent satisfaction. Côté mauvais souvenir, Jean-Marc Girard cite Vortex ou Manus « et pourtant nous en avions une formidable, née en 1979, dans la série de testage. Elle s’appelait Pamela mais les autres… ».
Un tiers du troupeau issu de la même lignée que Polux
Arbre généalogique de la lignée Polux
A l’élevage Girard, on se souvient des vaches, surtout des bonnes et en soixante ans, elles ont été nombreuses. Parfois, il a fallu un coup de chance comme pour Zénith, la mère de Pamela, une fille d’Espion, née en 1974 à l’origine d’un bon tiers du troupeau. « Nous l’avions acquise veau par la CASERBA, et devions l’élever pour la revendre génisse prête. Mais celle-ci, on l’a gardée. » Sa fille Radieuse a produit plus de 80 000 kg de lait et sa descendance se démarque aujourd’hui encore par la qualité de ses mamelles. Et bien plus tard, ils ont appris que cette fameuse Zénith était la fille de Judith, une vache qui n’est autre que la mère de Polux, un des premiers taureaux véritablement raceur de la race en mamelle. Aujourd’hui encore cette lignée se démarque par la qualité des mamelles, des qualités confirmées par la génomique. « Elles sont nombreuses à atteindre un index de 120 en mamelle, comme Liberté (Beethoven) à 127, Paola (Manhattan) à 126 ou Image (Normand) à 122 ». souligne Samuel Girard. En trois ans, Monoï (Démon), Olastar (Loudix x Image), Passion (Millet x Image, Otigny (Malzieu) et Patnaille (Gomis), tous issus de cette lignée, ont rejoint la taurellerie d’Auriva. Dans le troupeau, d’autres souches sont intéressantes comme celle de Babylone (Normand x Fonceur), 2 fois premier prix au concours départemental tout comme sa fille Jasmine (Angelin). Cette famille remonte à Vedette, une Turlut qui battait des records de production à la fin des années 80 (10 868 kg de lait en 1990). Enfin, l’élevage possède certainement avec Irlande (Normand x Robuste), l’Abondance la plus en vue actuellement : championne adulte au départemental 2019, vache de l’année 2019 et grande championne au concours vidéo.



« En sélection, c’est plus rapide à dégrader qu’à progresser »
« Pour arriver à un tel résultat, on a toujours été intransigeant sur la mamelle, explique Jean-Marc Girard car en sélection c’est plus rapide à dégrader qu’à progresser ». La pression de sélection a porté essentiellement sur les attaches et particulièrement les attaches arrière. «Nous commençons à abandonner les efforts sur les trayons poursuit Jean-Marc, car ils deviennent trop fins et trop petits ». Visuellement, le résultat est impressionnant. L’homogénéité des mamelles est remarquable dans les attaches mais aussi dans la force du ligament et l’orientation des trayons. Des qualités traduites en chiffres avec un index moyen de 93,6 en écart avant, 104,5 en orientation et 107,9 en mamelle. Mais la sélection ne s’est pas limitée aux seules mamelles. Le troupeau affiche l’une des moyennes laitières les plus élevées de la race : 7 563 kg de lait. Depuis quelques années, la sélection porte sur les taux et le TB en particulier (important dans un élevage qui transforme et affine la totalité de sa production), sans oublier les aplombs.
Davantage de taureaux utilisés avec la génomique
L’élevage génotype toutes ses femelles depuis 2017 (Les N) et l’élevage se démarque évidemment par la qualité des mamelles (entre 107 et 109 de moyenne chaque année). « Nous aimons avoir au moins une femelle de toutes nos vaches, nous ne nous servons donc pas trop du génotypage pour notre renouvellement. A quelques exceptions près précise Samuel Girard pour les vaches les plus faibles en TB. » Le principal changement de la génomique dans la sélection porte sur le nombre de taureaux utilisés. Les jeunes taureaux sont désormais majoritaires, avec un intérêt particulier pour ceux du segment mamelle et ceux du segment taux. Une plus grande variabilité afin de perpétuer les qualités de ce troupeau issu de 60 années de sélection.


